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BRANKICA ZILOVIC
NOS ARCHIPELS
7 OCTOBRE > 17 DÉCEMBRE 2023
VERNISSAGE — 06 OCTOBRE 18H30

Une première lecture des oeuvres de Brankica Zilovic viserait sans doute
à signifier une géopolitique en déliquescence, un monde soumis à
une érosion inévitable, cependant que le sentiment de perte se joue
davantage en profondeur qu’en surface. Les fils et les tissus organisent
un tumulte visuel qui parait se faire l’expression d’une âme embuée
par les vicissitudes de l’existence. L’idée de frontière et de territoire est
infiniment présente dans le travail de Brankica Zilovic. Venant d’une
région aux limites complètement éclatées, aux frontières changeantes
ou spolies, son identité nationale est elle-même vacillante et éparse.
Le matériau textile fait sens dans cette configuration. Chaque point,
ligne ou surface se dédouble continuellement, reflétant des histoires
sans début ni dénouement que l’on ressasse sans arrêt. Le plan de
chaque oeuvre agit alors telle une membrane, dissociant la réalité
que l’on parcourt de celle qui nous pénètre, pour qu’une géographie
personnelle puisse se substituer à une géographie politique, affirmant
ainsi une fragilité qui s’étend au-delà des apparences.
La cartographie tellement convoqué dans le travail de Brankica Zilovic
capturant des continents en mouvement, des frontières délies, des
sommets des montagnes fragiles, des glaciers menacés, traduit non
tant des territoires et des espaces que des allusions temporelles. En
effet, la répétition, l’accumulation et le labeur mettent en exergue
une exigence quotidienne, sinon une obsession ou le temps se dilate
et affiche une dimension expiatoire, comme s’il s’agissait de conjurer
les démons du passé en substituant à la mémoire la mécanisation du
geste. Ces mêmes gestes laissent derrière eux une trace graphique
semblable à des sutures, réparations, peut-être parce qu’il est
question de raccommoder ce qui émane du passé afin de rester
amarré à la réalité.
Dans les cartographies de Brankica Zilovic la superposition et
variations des mondes côtoie les strates de nos croyances, où les
réseaux d’ondes que semblent dessiner les fils de l’artiste deviennent
l’écheveau de notre planète elle-même. Les continents s’y mélangent,
à la dérive, et peuvent se répéter, à l’infini comme les mondes en
élasticité - au-delà de la gravitation - que révèle l’ère gravitationnelle
contemporaine.
A travers toutes ces oeuvres Brankica Zilovic semble prendre
conscience de toutes les forces tectoniques invisibles de
transformation ainsi que de sa géologie personnelle. Elle semble
essayer d’invoquer un nouveau monde, un nouveau concept, une
nouvelle alternative pleine de ressources humaines émergentes,
dans laquelle l’homme s’est réconcilié avec son environnement, ses
montagnes et ses banquises et trouvé une solution de compromis

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